Que se passe-t-il au dessus de nos têtes ?

• 25 octobre 2024
• Steven Huet

Tout le monde a déjà entendu parler de SpaceX, de tourisme spatial, d’une expédition vers Mars ou bien de l’installation d’une base sur la lune. Ces sujets captivent l’imagination mais on parle beaucoup moins de ce qui se passe autour de la Terre, juste là au-dessus de nos têtes. C’est pourtant ici que se concentrent les défis stratégiques actuels et que ce joue notre souveraineté. Les satellites, essentiels pour la communication, la navigation et la sécurité, sont désormais exposés à des risques croissants de collision et de manœuvres délibérées de perturbation ou d’espionnage.
Quelques indices : l’OTAN a officiellement reconnu l’espace comme un domaine opérationnel en 2019, les grandes puissances, Etats unis, Russie, Chine et plus récemment la France se sont dotés d’un commandement dédié aux opérations spatiales. Ceci faisant de l’espace un théâtre stratégique majeur.

Protéger nos infrastructures spatiales contre les risques de collision

La densité des objets en orbite, comprenant des satellites actifs ou non et des débris spatiaux, rend les risques de collision particulièrement élevés. Début 2024, on dénombrait environ 24 000 objets spatiaux en orbite basse (Low Earth Orbit – LEO). Chaque incident peut avoir des conséquences majeures, tant pour les infrastructures militaires que pour les services civils essentiels comme la communication, la navigation et la météorologie.
Les agences spatiales et les entreprises investissent dans des systèmes de surveillance pour suivre les trajectoires de ces objets, anticiper les collisions potentielles, et, si possible, repositionner les satellites afin d’éviter les impacts. Cette menace se traduit également par l’émergence de concepts innovants visant à « nettoyer » ces débris : en les attrapant (filet, harpon, satellite nettoyeur), en modifiant leur trajectoire (vers l’atmosphère ou l’espace), en les détruisant (laser, projectile).

Se défendre contre des manœuvres hostiles

Outre les collisions accidentelles, les satellites doivent aussi faire face à des manœuvres hostiles délibérées visant à espionner, perturber ou neutraliser un satellite cible. Il en est pour preuve deux exemples : l’affaire Cosmo 2542 en 2020, où un satellite russe, a été observé en train de se rapprocher très près d’un satellite espion américain et l’existence de satellite intercepteur de signaux lancés par les Etats Unis, la Chine ou la Russie.
En réponse, les États développent des stratégies de défense spatiale qui incluent la surveillance avancée des orbites et des systèmes de manœuvre pour échapper aux approches agressives. Cette vigilance permet de détecter rapidement les comportements suspects et de prendre des mesures de protection pour éviter tout impact ou sabotage.
En complément, des concepts de satellites sentinelles émergent afin de surveiller et de sécuriser l’environnement spatial autour des actifs stratégiques. Ce concept repose sur l’utilisation de satellites disposant de capacités de surveillance et de neutralisation capables de contrer des manœuvres de rapprochement.

En somme, si la conquête spatiale nous fait rêver, la sécurité de nos infrastructures spatiales impactant directement nos modes de vies et notre souveraineté est plutôt de nature à nous faire frémir…à suivre.